Le deuil 2.0

La vie numérique peut continuer après la mort, en tout cas le souvenir du défunt peut être entretenu sur la toile. En témoignent les nombreux sites internet proposant des mausolées virtuels ou des espaces célébrant la mémoire du défunt ; certains sont même spécialisés dans l’organisation d’une « vie » après la mort, via un avatar pouvant dialoguer avec les vivants.

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« En tant que socio-anthropologue, je dirais qu’à peu près partout dans le monde et de tout temps, les vivants ont gardé des traces du mort, et que souvent, les nouvelles techniques sont utilisées pour communiquer avec les morts et en garder des traces. C’est un invariant et par exemple, l’un des premiers usages de la photographie. Cette question des traces est un enjeu clair pour les vivants, sur Internet comme ailleurs ». RLSN Mag, 14.10.15, Mort numérique : « On rêve de tout maîtriser, mais notre propre mort ne nous appartient pas », Martin Julier-Costes, socio-anthropologue.

Notre mutation en êtres numériques pose donc des questions majeures, sociologiques, anthropologiques, philosophiques, économiques et juridiques, entre autres. L’irruption du virtuel dans notre quotidien révèle avec évidence un besoin inhérent à l’homme, celui de laisser des traces, d’en conserver et de les retrouver.

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« Un capital est en train de se former, qui est le capital des données. La question est de savoir qui sera le dépositaire de ces données. De même que les notaires sont en grande partie les dépositaires de mes secrets, de mon testament, de mon contrat de mariage, parfois de mon argent, il nous faudrait inventer des «dataires», des notaires des données. Elles ne seraient confiées ni à un État, ni à Google et à Facebook, mais à un nuage de dépositaires ». Le Figaro, 13.03.15, « La question est de savoir qui sera le dépositaire de nos données », Michel Serres, philosophe, membre de l’Académie française.